Un fabricant qui renouvelle son haut de gamme routier, c’est toujours un événement. Notamment dans le monde du casque. Encore plus chez Arai. Surtout quand ce casque est le premier à pouvoir répondre à la future norme ECE 22.06.
Réputé pour ce qu’on appellera pudiquement sa prudence à chambouler ses gammes pour coller aux évolutions marketing, le fabricant nippon Arai vit pourtant depuis quelques années une petite révolution, avec plusieurs nouveaux modèles, du Renegade‑V au Profile‑V, tous deux destinés à séduire ceux qui trouvaient, parfois à juste titre, qu’un Arai était esthétiquement triste ou forcément hors de prix. Ici, la marque vise clairement la frange des motards la plus importante pour elle, celle qu’elle chouchoute le plus : ceux qui avalent pas mal de bornes mais exigent des casques un peu plus sportifs dans leur aspect. Et rien que ça, croyez-moi, pour les ingénieurs Arai, c’est un bouleversement.
Une évolution pas vraiment dans la continuité
Arai fait rarement les choses comme tout le monde. Alors que les autres fabricants de casque renouvellent les casques racing tous les deux ans, chez eux, c’est le modèle Touring qui a la durée de vie la plus courte. On est rapidement passé du Quantum au Quantum-ST puis au QV-Pro (que je mets sur le podium de mes casques préférés au quotidien) qui laisse donc sa place à un nouvel intégral dénommé Quantic, histoire de garder une filiation. Bien entendu, on retrouve la coque à la forme très ronde propre à Arai mais, pour le coup, extérieurement, tout le reste change !
Aérations, aileron, tout est nouveau
Ce qui saute aux yeux, c’est donc cet imposant spoiler à l’arrière, plus proche de ce qui trouve habituellement sur les casques sportifs. D’ailleurs, on notera que le (très) racing RX-7V ne dispose pas d’aileron aérodynamique, réservé au RX-7V Racing. D’après ce qu’indique Arai, en tranquillisant le flux d’air, son but est surtout de stabiliser le casque tout en réduisant le niveau sonore à (très) haute vitesse. De même, la ventilation devrait en bénéficier, des aérations obturables étant situées sur l’aileron. En tout cas, au niveau du look, il faut admettre que Arai se met (enfin ?) à la page.
Un look qui évolue aussi au niveau des ventilations. Celle du menton abandonne le clapet rotatif pour une version à glissière, elle aussi réglable sur 3 positions. À l’origine, on pouvait choisir d’orienter l’air sur la bouche ou l’écran. Espérons que ce sera toujours le cas car c’était bien appréciable en plein été. Une saison durant laquelle on profitera de la grosse nouveauté : l’aération frontale. Ça en fera sourire certains et laissera les habitués de la marque assez dubitatifs. En effet, la particularité d’Arai, ce sont les deux ventilations dites “de sourcils” placées sur l’écran et dont l’efficacité est réellement diabolique. Ici, Arai vante sa nouvelle aération placée sur le front et cachée derrière une plaque en relief affichant son logo. C’est sans doute pour offrir un surplus de ventilation à ceux dont la moto dispose d’une bulle qui les place trop à l’abri et diminue grandement — il faut l’avouer — la pertinence des ventilations de sourcils. Cette nouvelle ventilation a permis de réduire la taille de celles placées sur le dessus du casque, ce qui devrait logiquement faire baisser le niveau sonore.
Ce qui ne change pas (trop)
L’intérieur reste conforme aux standards de la marque. Et c’est plus qu’une qualité ! De tous les casques que j’ai pu tester (et il y en a eu quelques dizaines), les Arai sont vraiment ceux dont les mousses donnent l’impression de ne jamais se tasser, que ce soit dans le temps ou avec la vitesse. Ici encore, le système FCS, avec des “ressorts” en mousse venant plaquer le bas des mousses de joue contre le visage, devrait faire des miracles tandis que ceux qui se sentiraient trop à l’étroit pourront retirer une épaisseur de 5 mm sur les joues pour ajuster le casque à leur guise.
Enfin, la Quantic conserve le système d’écran VAS apparu il y a désormais quelques années et qui a permis de réduire la taille des platines latérales. Pour rappel, ces dernières ont pour fonction de garantir que l’écran ne sera jamais arraché en cas de cabriole, pour ne pas exposer le visage. Là encore, croyez-moi, toutes les marques ne peuvent pas en dire autant. Alors oui, ça ajoute 30 secondes pour changer d’écran. Oui, ça peut sembler sorti des années 80. Mais Arai estime que c’est absolument nécessaire pour offrir une protection maximale et ils ne feront pas marche arrière tant qu’un meilleur système ne sera pas disponible. C’est aussi pour cela qu’ils refusent toujours l’écran solaire interne qui impose de réduire l’épaisseur de l’EPS pour installer cet écran rétractable ou, comme l’a fait Shoei, de trouver des astuces esthétiques pour l’installer en “surépaisseur”. Une technique efficace mais qui va à l’encontre du choix d’Arai de proposer une coque aussi ronde que possible.
Norme ECE 22.06 au programme
C’est le premier intégral de la marque prévu pour être homologué ECE R22.06. Pour être précis, l’ensemble des tailles de coques est en cours de certification mais ce n’est qu’une question de jours. Vous trouverez plus d’infos concernant cette norme sur cet article dédié. Cette certification n’a cependant pas dû être trop complexe à obtenir pour Arai car leurs casques ont toujours dépassé les préconisations requises et les tests internes pour valider les coques en fibre des casques Arai imposaient depuis des années des chocs obliques ou sur des pointes, sur l’ensemble de la calotte et pas uniquement sur quelques points précis. Ce qui expliquait leurs poids un peu supérieur à la concurrence, une différence qui va se réduire quand toutes les marques devront répondre à cette norme 22.06.
Le credo de la marque japonaise restant la sécurité, l’aileron arrière et toutes les ventilations qui dépassent de la coque sont conçus pour casser ou se détacher en cas de chute. L’objectif d’Arai étant d’offrir des casques sans aucune aspérité pour favoriser la glisse et éviter les micro-rotations dévastatrices pour le cerveau.
Comme toujours, Arai ne mentionne pas le poids dans son annonce. Cela évite cependant les déceptions quand le fabricant annonce le poids d’une taille S et que le modèle en L pèse 200 grammes de plus. Pas la peine de citer une marque en particulier, ils le font tous. On peut cependant raisonnablement estimer ce Quantic à 1 450 g en taille S et environ 1 550 en L, Arai proposant 3 tailles de coque pour un casque qui existe du XS au XXL.Autre inconnue, le tarif. Mais il devrait être assez proche de celui du QV-Pro, qui était sorti aux alentours de 630 €. Comptez 649 € en uni et 769 € pour les décos. Oui, ça reste cher mais si on se rappelle qu’il faut 18 heures pour fabriquer (à la main) un Arai et que (testé pour vous) son confort ne change pas du tout durant plusieurs dizaines de milliers de bornes, ça reste “correct”. Seul regret pour le tarif : les décos toujours aussi timides. Une occasion de plus de le prendre en blanc (dispo tout de suite) ou en noir mat (à venir).
Un dernier point : le bon côté à la relative lenteur des évolutions (visibles) d’un Arai, c’est que ce Quantic est équipé des mêmes écrans que le QV-Pro ou que le Profile‑V. Ou encore le Renegade‑V ou le Chaser‑X. Bref, si vous avez déjà un Arai de moins de 10 ans, vous pouvez réutiliser vos écrans supplémentaires. Quand la concurrence change ses platines à chaque nouveau casque, c’est loin d’être négligeable.