Réputée pour ses modulables C2 et C3, Schuberth parvient à surprendre en annonçant un C5 que, personnellement, j’attends avec impatience. Explications et retour en arrière.
Schuberth, c’est ce fabricant allemand qu’on pourrait sous-titrer avec Grandeur et décadence. La grandeur dès l’arrivée du C2, un modulable pensé et taillé pour être silencieux et confortable même lors des longs trajets. Certes, l’esthétique de Playmobil toute germanique pouvait rebuter mais la fonction créant la forme, le C2 était terriblement efficace. Le modèle suivant confirmait les qualités techniques tout en améliorant le look, le C3 Pro se payant même le luxe d’être le modulable au look le plus discret et proche d’un intégral une fois fermé, sans jamais rogner sur les qualités dynamiques, le confort et le silence. Ajoutez à ça des coloris et décos qui (enfin !) ne donnaient plus envie de faire une overdose de Lexomil et vous obteniez ce qui était, à mon avis, le meilleur modulable du marché.
Faire oublier le C4
Malheureusement, Schuberth a voulu faire mieux par la suite. Enfin, a cru faire mieux. Et sur le papier, ça pouvait marcher. Le C4 se voulait explosif* avec un intérieur sans couture pour plus de confort et de ventilation et l’intégration maximale du système de communication dont deviennent friands les grands rouleurs ou les commuters — cibles favorites des services de communication. Sur ces deux points, c’était quasiment parfait. Le souci, c’est que tout le reste était à la peine. Suite à une restructuration interne chez Schuberth, le développement est reparti de zéro, balayant les acquis du C3 Pro. Résultat ? Une coque entièrement différente, avec par exemple la disparition du spoiler supérieur qui éliminait les turbulences mais en promettant que ça ne changerait rien. Devinez quoi ? Ça changeait tout et le C4, dans son onéreuse version conventionnelle ou sa très chère déclinaison carbone, avait un comportement dynamique indigne de son tarif et des promesses marketing. Autant vous dire qu’en les voyant annoncer le C5, je n’étais guère enthousiaste…
Retour aux gènes du C3 Pro
On ne va pas tourner autour du pot : Schuberth a su reconnaître qu’ils faisaient fausse route et le C5 revient à ce qui faisait le succès (mérité) du C3 Pro. Fin de la coque tarabiscotée pour revenir à une forme validée en soufflerie avec une — immense — entrée d’air frontale. Le C5 revendique à peine 85 dB(A) à une vitesse de 100 km/h. Un résultat impressionnant et loin de la concurrence mais qui ne vous dispensera pas de porter des protections auditives si vous souhaitez vraiment éviter de vous retrouver avec des acouphènes au bout de plusieurs années de moto**. À l’extérieur, on retrouve le large curseur pour manipuler l’écran solaire interne et l’écran principal avec ses picots caractéristiques pour tranquilliser le flux d’air dans sa partie supérieure. Schuberth conserve l’intérieur sans couture du C4, constitué de larges pavés pour laisser respirer la peau et le crâne, ce qui sera particulièrement apprécié en été ou au bout de plusieurs heures de roulage.
Prédisposé pour l’intercom SC2
Schuberth avait été l’un des premiers à développer des intercoms spécifiques à ses casques, allant même sur certains modèles (jet M1, modulable C4) jusqu’à intégrer les micros entre la coque et les mousses. Ici, la marque revient à un micro perche plus conventionnel pour ceux qui voudront, en option, installer le kit SC2. Fourni par Sena (et facturé 349 €), celui-ci est constitué du module de commande à fixer côté gauche et de la batterie et de toute l’électronique (à technologie Mesh pour un nombre d’interlocuteurs illimité) à fixer sur l’emplacement dédié, à l’arrière. Les écouteurs et les câbles sont installés en usine et fournis de série avec chaque C5. Cela présente l’avantage d’avoir un système très intégré et (surtout) un casque qui reste homologué avec son intercom mais complique furieusement la tâche de ceux qui voudraient installer un autre intercom, par exemple récupéré sur le casque précédent. C’est agaçant mais ça va malheureusement se généraliser car les concurrents ont tous choisi des solutions identiques depuis une dizaine d’années sur les modulables et intégraux à vocation routière. Un dernier mots sur l’homologation du C5 : il est certifié ECE-2206, dernière révision de la norme dont je parlais ici, et peut être utilisé fermé ou ouvert. Ce qui n’est pas le cas de tous les modulables…
Un intérieur ajustable
La coque du Schuberth C5 est en fibre de verre renforcée de fibre de carbone, une technique éprouvée chez Schuberth et nommée DFP qui apporte une absorption maximale des chocs sans faire (trop) grimper le poids sur la balance. Comptez entre 1 640 et 1 790 grammes selon la taille du casque, disponible du XS au 3XL. La petite coque va du XS (53 cm) au L (59 cm) quand la grande satisfera les tours de tête allant du XL (61 cm) au 3XL (65 cm). Il est rare que les si grands tours de tête soient pris en compte par les fabricants, c’est un point appréciable. Et parce qu’il n’y a pas de tête standardisée, Schuberth “offre”*** la possibilité d’ajuster l’intérieur à votre morphologie par le biais de pads de différentes épaisseurs, pour les tailles M, L et XL.
Niveau tarifs, pas de surprise, on reste sur des tarifs assez élevés : 629 € en uni et 729 € pour les décos. Mais contrairement au modèle précédent, ils semblent cette fois être justifiés. Reste évidemment à voir si les qualités routières sont confirmées à l’usage. Mais par rapport à la fiche technique, j’avoue être assez optimiste.
Bref, Schuberth semble être de retour et ça fait plaisir !
*ah ah
** ne rigolez pas avec ça, une audition altérée, ça ne se répare pas.
*** c’est une option