Une moto, c’est un peu comme ton corps ou ton visage. Tu as beau en prendre soin, il y a des endroits où le temps laisse implacablement sa trace, bien visible : les poignées et les repose-pieds, que vous usez gaiement avec vos gants et vos bottes. C’est d’ailleurs un signe infaillible pour repérer un modèle qui ment sur le nombre de kilomètres au compteur, humain ou moto. Pour Thérèse, après 87 000 km à se faire essorer, les caoutchoucs des poignées n’en peuvent plus et il est grand temps de faire quelque chose. Et pas uniquement pour des raisons esthétiques.
Le constat est clair : à gauche comme à droite, les caoutchoucs sont devenus lisses sur quasiment toute leur surface. Une usure normale vu leur âge mais qui a sans nul doute été aggravé par le chauffage desdites poignées qui, en ramollissant (forcément) la gomme, a contribué à cet aspect de vieux chewing-gum. C’est donc moche mais, surtout, ça commence à glisser et pour peu que la pluie se soit invitée, ça devient gênant voire dangereux.
BMW se fournit chez Ariete
Je vous avoue que vu le niveau de mon affection pour le concessionnaire BMW Motorrad du coin, je ne leur ai pas demandé le tarif de la pièce d’origine. Mais après quelques recherches, on trouve chez les Italiens de Ariete un modèle qui ressemble tellement aux BMW qu’on pourrait penser que ce sont les mêmes. D’ailleurs, ce sont les mêmes, également compatibles avec les poignées chauffantes. Et pour environ 25 € donc ce serait stupide de se priver.
Cutter et compresseur
Première étape : retirer les caoutchoucs d’origine. Ce sera forcément la partie la plus pénible. Il faudra y aller délicatement sur les coups de cutter (ou de ciseaux) pour n’attaquer que le caoutchouc et pas la résistance enroulée sur la poignée pour le chauffage. Selon l’âge de vos poignées, cela relèvera plus ou moins du parcours de combattant. Pourquoi ? Parce qu’à force de chauffer et de refroidir, le caoutchouc en contact avec la poignée a littéralement cuit. Et c’est donc une gomme vraiment rigide que vous allez retrouver totalement collée. Une fois les caoutchoucs retirés et les résistances bien visibles, prenez le temps de gratter (avec précaution) ces bouts de gomme rebelles. Parce que ça rendra l’installation des nouveaux caoutchoucs plus pénible, que ça pourrait se ressentir sous les mains mais aussi (surtout ?) parce que cette surépaisseur de gomme ne pourra que gêner pour apprécier le chauffage en bloquant la chaleur. Bref, on gratte pour virer tous ces résidus de cuisson.
Comme pour le remontage à venir, attention en nettoyant les poignées à ne pas venir abîmer ou couper la résistance en roulée en spirale. Sinon, adieu la douce chaleur en cas de sale temps ou de matin frisquet. La partie suivante est, comparativement à la galère précédente, ultra-rapide. Enfin, si vous avez le bon outillage.
« Alors il suffit de lui souffler dans le … »
Oui oui on a compris ! Pour installer des caoutchoucs, la solution la plus rapide et efficace consiste généralement à utiliser une goutte de liquide vaisselle pour rapidement emmancher le caoutchouc sur le guidon et ensuite à fixer le tout avec du fil à freiner entourant la base et le bout de chaque poignée. Radical et durable. Mais pas conseillé quand vous avez des poignées chauffantes de série car il vaut mieux éviter de venir écraser la résistance chauffante et parce que mettre un liquide quelconque près des soudures d’alimentation est un moyen original de se retrouver avec un chauffage étendu au guidon et à la moto si vous êtes du genre poissard.
Là, en trois coups d’air avec un embout de soufflette placé entre la poignée et le caoutchouc, on peut pousser celui-ci sans forcer. Avant de remonter les masselottes (les embouts de guidon), vérifiez que la poignée de gaz tourne librement puis contemplez avec satisfaction votre moto qui a perdu entre 5 et 15 ans.
Ça n’a l’air de rien comme ça mais au premier roulage, vous aurez vraiment l’impression d’avoir une nouvelle moto, avec une meilleure remontée d’informations dans le guidon. Et comme une bonne partie des sensations passe par les mains quand on roule, vous avez, pour un tarif très raisonnable, une moto neuve. Mais toujours aussi moche, ne rêvez pas. Comme vous si vous portez de nouveaux vêtement en fait.