Si l’on ne sait toujours pas quand on pourra reprendre la route avec une certaine sérénité, il n’est pas forcément stupide de commencer à prendre certaines dispositions pour que ça se passe au mieux. Que vous soyez un motard expérimenté. Ou pas. Sur une moto superbe. Ou pas.

À moins que votre métier ne fasse partie de ceux essentiels à la bonne marche du pays, votre moto préférée dort sur la béquille depuis le 17 mars et pour encore un “petit” moment. Surtout si, comme pas mal de motards, elle n’était pas encore sortie de son hivernage. Et vous savez quoi ? Une moto n’est pas faite pour ne pas rouler.

Manque de jus ?

Qu’il y en ait trop ou pas assez, le résultat est le même : on se retrouve avec un tracé plat. Claude François confirme le premier et votre batterie risque de confirmer le second puisqu’en restant à l’arrêt, elle va doucement se vider. Et n’espérez pas maintenir la charge en laissant périodiquement tourner votre moto. Le remède sera pire que le mal, le démarreur vidant sacrément la batterie si vous ne roulez pas (vraiment rouler hein) un bon quart d’heure par la suite. Ici, mis à part un chargeur de batterie qui vous permettra de maintenir la charge ou de redonner un coup de fouet la veille du grand jour, il n’y a guère de solution. Ou alors vous jouez des câbles juste avant de partir au travail avec le diesel de votre voisin. Bon, sauf si lui aussi fait face au même problème, forcément.

Ne pétez pas une durite

La durite, c’est ce bête tuyau de caoutchouc qu’on retrouve un peu partout autour du moteur. Notamment entre ce dernier et le réservoir. Et pour peu que votre machine soit âgée de quelques années, avouez que ce serait bête qu’elles soient toutes séchées et craquelées vos durites. Soit vous avez une Ducati et vous avez donc toujours du stock d’avance, ce qui fait que vous profitez du confinement pour bricoler, soit vous faites tourner le moteur régulièrement. Mais attention, la batterie va morfler (relisez le paragraphe du dessus). Oui, c’est le serpent qui se mort la durite…

Un coup de pression

Après deux, trois, quatre, plusieurs semaines d’immobilisme, l’air aura doucement mais sûrement quitté vos pneus, une valve n’étant jamais totalement étanche. Votre première destination doit être la station-service la plus proche pour y faire la pression, sauf si vous avez un compresseur à la maison. Attention sur le trajet, votre moto aura en virage un comportement aussi flou qu’un ministre pendant le confinement et la direction sera aussi lourde que Cyril Hanouna. Redoublez donc de prudence. Et en attendant de pouvoir ressortir, si votre moto est pourvue d’une béquille centrale, utilisez la. Cela soulagera automatiquement le pneu arrière et évitera de la déformer. Dans tous les cas, déplacer régulièrement la moto d’un quart de tour de roue dans le garage n’est pas farfelu. Cela évitera au passage de vous retrouver avec des plaquettes qui auront collé aux disques de frein.

Sartre était motard

Ben oui, à moto surtout, l’enfer, c’est les autres. Et là, en sortie de confinement, tout sera réuni pour que les belles stats de la sécurité routière (logique, personne ne roule) explosent en vol. Après plusieurs semaines, les gens vont être tout heureux de pouvoir à nouveau se déplacer. Autant vous dire que faire attention aux autres, surtout s’ils n’ont que deux roues, sera encore moins leur priorité qu’avant. Leurs habitudes de conduite se seront envolées et leurs réflexes se seront émoussés. Les vôtres aussi d’ailleurs, ayez l’obligeance de vous l’avouer.

Pour vos premiers trajets, partez du principe que vous êtes un peu une quiche au guidon. Déjà parce que c’est vrai le reste de l’année et surtout parce que l’optimisme n’est pas toujours bon conseiller. Freinez quelques mètres plus tôt que dans vos souvenirs pour ce virage que vous pensez bien connaître. Dites-vous que cet automobiliste arrêté au stop ne vous a vraiment pas vu.
Oui, vous avez profité du confinement pour laver votre moto jusque dans les moindres recoins et elle brille comme quand elle était neuve*. Oui, vous êtes heureux de pouvoir enfin rouler, d’autant que la météo est de la partie (sauf si le confinement est levé en novembre mais bon…). Oui, ce sentiment de liberté comme seule la moto sait en offrir est appréciable. Mais si vous avez pu échapper au Covid-19, avouez que ce serait ballot de vous retrouver à l’hôpital par excès d’enthousiasme.

Bien évidemment, si votre moto a roulé régulièrement pendant ce confinement parce que vous l’avez utilisée pour aller au travail** puisque vous ne pouviez pas faire autrement ou pour aller vous faire plaisir***, tout ceci ne vous concerne pas.

* notez que si votre moto était laide quand elle était sale, elle reste laide quand elle est propre ; c’est juste qu’on le voit mieux maintenant, comme celle qui illustre ce sujet. Dans ce cas, ralliez la Mochardie.
** vous avez toute ma considération.
*** vous êtes un gros con.